Bordeaux Primeurs 2016
Le terme le plus employé cette année par les dégustateurs du millésime 2016 est « Buvabilité », des vins très accessibles et digestes.
La palette aromatique semble remarquable et le profil des vins est celui d’un fruité plein de vitalité.
L’acidité contenue dans les vins du millésime 2016 est exceptionnelle, ce qui est un gage de grande longévité.
Stéphane Derenoncourt, notre œnologue préféré, cet autodidacte et son équipe suivent la production de120 domaines dans 16 pays :
2016 est une forme de miracle.
C’est le film triste qui finit bien. Un début de millésime impossible, extrêmement pluvieux. En matière de gestion des vignes, c’est une catastrophe, et il y a une forte pression des maladies. Une petite trêve se fait début juin et permet une belle floraison, très compacte. Puis dès la fin juin il fait beau jusqu’aux vendanges. Ca mûrit tranquillement, en gardant de bonnes acidités car il y a un fort contraste entre les journées chaudes et les nuits fraiches. Après une longue sécheresse, il tombe un peu d’eau. Ca débloque les arrêts végétatifs dus à un stress hydrique excessif.
Une belle maturité
C’est un millésime assez magique pour un vigneron. Il a le choix de faire ce qu’il veut grâce à la grande fenêtre des vendanges : ramasser tôt pour faire des vins frais ou tard pour faire des vins mûrs. 2016 est intéressant pour juger les châteaux stylistiquement. Cela est très rare. Généralement, on subit les millésimes, on vendange car il faut y aller. Les vins de 2016 ont une belle maturité, de l’acidité, et de l’alcool (mais pas trop). Si on fait la somme des températures de cette année viticole, c’est le millésime le plus froid des vingt dernières années. Nous avons un millésime ultra-mûr mais aussi ultra-frais.
Comparé à 2015 qui a été jugé comme un très grand millésime, il y a en 2016 une meilleure homogénéité. Moins de contraste entre la rive droite et la rive gauche. L’année dernière, c’était une évidence que la Rive Droite, les Graves et le sud du Médoc étaient supérieurs aux crus du nord du Médoc. Mais c’est aussi une question de goût »
Olivier Bernard, le président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux et propriétaire Domaine de Chevalier à Pessac-Léognan:
« Bordeaux a parfois la réputation de raconter des histoires, mais là il n’y a pas d’histoire. Quand vous avez des vins comme ça, ce sont des grands grands millésimes. Cela fait partie des quelques millésimes que l’on produit dans la vie d’un homme. On a eu la chance de produire 2009 et 2010, il n’y a pas si longtemps, et 2016 c’est du même niveau. Est-ce que c’est meilleur que 2015 ? Chez nous oui, certains vous diront que non, mais sur l’ensemble du bordelais j’ai l’impression que 2016 dépasse un peu 2015. »
Michel Rolland, l’œnologue le plus célèbre au monde ! :
« Je pense qu’intrinsèquement, 2016 est un cran au-dessus de 2015. Dans l’adversité, les grands terroirs produisent toujours de meilleurs raisins que les autres. Ce qui fait la beauté d’un vrai grand millésime - et c’est aussi pour cela que j’aime tant 2016 - c’est que même quand on s’en écartera on trouvera de bons vins. C’est Manchester City/ Monaco : ça joue bien des deux côtés mais il y en a un qui gagne. Personnellement, je suis un fan de 2016. »